Reconquête de la Biodiversité sur la Vallée des Joncs

OBJECTIFS

Chartres métropole au sein de la Direction du Cycle de l’eau pilote un projet de reconquête de la biodiversité sur la Vallée des joncs, milieu récepteur des eaux traitées de la Station d’épuration de La Taye, commune de Saint Georges sur Eure.

Ainsi en 2018 démarrent des travaux pour un projet d’envergure, mené nulle part ailleurs sur le territoire : utiliser la présence permanente de l’eau dans une vallée agricole pour augmenter son potentiel d’accueil pour la biodiversité. Une vérification de son potentiel environnemental, notamment en terme de biodiversité, a été préalable. Le projet visait à l’amélioration de la vallée des Joncs pour son domaine public sur 1,5 km, en recréant à son départ une zone de rejet végétalisée, favorisant l’épuration de l’eau avant son arrivée dans un cours aérien arboré. L’aménagement du lit du fossé en créant des profils variés, permettra l’installation durable d’une flore aquatique et rivulaire. La plantation de plus de 2000 plants d'hélophytes diversifiés et 1800 arbres et arbustes sont venus accentuer le potentiel d’accueil pour la faune. En aval du fossé, une zone tampon agricole a été créée. Ainsi le gain est multiple sur le plan écosystémique. Cette démarche représente un projet pilote pour Chartres métropole dont la réussite permettrait de clarifier pour ces contextes les relations entre la biodiversité et la gestion du cycle de l’eau en réutilisant les eaux traitées de retour au milieu comme support pour la flore et la faune locale.

MESURES MISES EN OEUVRE

En décembre 2016, Chartres métropole répondait à l'appel à projet Biodiversité lancé par l'Agence de l'Eau Seine Normandie en proposant de reconquérir la Biodiversité d'une vallée alimentée par les eaux traitées d'une station d'épuration de 6500 équivalent habitant située en contexte de plaine agricole. L'objectif principal de ce projet était d'utiliser l'eau en REUSE comme support  de biodiversité. Le projet s'est déroulé en deux phases : au printemps 2017, un état zéro de la flore et de la faune. Dans l'été 2017, la vallée a été profilée sur 1.3km: Talutage des berges, apport d'une granulométrie et plantations d'hélophytes diversifiées (20 espèces) ainsi que d'arbres et arbustes adaptés au contexte bioclimatique pour servir de zones de refuge et de nourrissage pour les espèces (19 essences différentes).

Et le projet ne s'est pas arrêté là! Entre la station d'épuration et la vallée, une zone de rejet végétalisée a été réalisée entre 2018 et 2019. Une succession de 3 bassins, plantés d'hélophytes, permettent une meilleure épuration de l'eau avant rejet dans la vallée. Cette zone humide, bien qu'artificielle, sert aujourd'hui de zone de refuge, de nourrissage et de reproduction pour certains limicoles et la petite faune avoisinante.

Afin de mesurer les impacts sur la biodiversité d'un tel aménagement, un suivi biologique annuel est réalisé depuis 2020 et se déroulera jusqu'en 2025. Les taxons inventoriés pour ce suivi sont principalement la flore, les oiseaux, les odonates et les amphibiens. Ils ont été choisis pour leur potentiel d'indicateurs de la qualité des milieux.

En ce qui concerne la gestion du site, une fauche tardive aura lieu annuellement en fin d'été ou début d'automne. Seul les accès aux équipements hydrauliques seront débroussaillés 3 à 4 fois par an.

RÉSULTATS / IMPACTS POUR LA BIODIVERSITE

La ZRV est accueillante par exemple pour les Libellules, les Amphibiens et les Oiseaux: cette année, 34 espèces d’oiseaux ont pu être observées sur les bassins (contre 25 à l'état des lieux initial). Des espèces peu communes à la nidification en Eure et Loir ont nichés sur le site en 2020 : Vanneau huppé, Petit gravelot.

Sur la Vallée, un cortège de 13 espèces d'Odonates a pu être observé, typiques des petits cours d'eau de notre secteur, ce qui signifie que la colonisation du secteur se fait assez rapidement (pas d'état zéro car la saison n'était pas adaptée).  Les plantations d'hélophytes jouent un rôle majeur pour le maintien de groupe d'espèce.

En ce qui concerne la flore, la comparaison entre l'état initial du relevé botanique en 2017 et le premier suivi en 2020 fait apparaître une augmentation de 10 espèces pour la flore prairial (48 en 2020 contre 38  en 2017 avec l'apparition de 21 nouvelles espèces et 16 non retrouvées). Pour la flore de zone humide, 4 espèces avaient été observées en 2017. La Plantation d'hélophytes dans le projet a nettement fait augmenter le nombre, cependant sur les 20 plantées, 14 seulement se sont réellement adaptées au site. Dans ce genre d’aménagement, diversifier les plantations permet toutefois d'augmenter le potentiel de reprise et de diversification floristique du site. Globalement, sur une première année de suivi, l'impact sur la biodiversité du site est positif. De nouveaux milieux ont été créés dans un contexte agricole intensif.