L'Epine, quartier comestible

Objectifs :

A travers l'intégration progressive d'îlots d'agroforesterie comestibles sur les espaces publics du quartier, ce projet a l’ambition de proposer aux habitants du quartier de participer à l'amélioration paysagère de leur environnement en modifiant le paysage urbain minéral en un quartier où le végétal prend de plus en plus d’importance.

Le projet, grâce à la participation citoyenne, s’appuie sur les besoins des gens et crée les conditions de la rencontre entre des personnes de générations, d’origines, d’aspirations différentes dans un esprit d’inclusion sociale. Les échanges autour de pratiques écologiques vertueuses comme la gestion urbaine de proximité, la gestion des déchets ou la consommation responsable participent de la création du lien social dans un quartier et les variations paysagères invitent à la discussion et au débat. De même, par la multiplication des types de végétalisation, le quartier bénéficie d’une hétérogénéité d’espaces propices à l’accueil d’une biodiversité riche qui valorise les espaces publics et favorise une montée en compétences d'un groupe d'habitants sur des savoir-faire de gestion des espaces plantés et jardinés, sur leurs connaissances de la biodiversité et préfigure des parcours d'insertion professionnelle notamment grâce au développement des micro-économies (marchandes et non marchandes) relevant de l’ESS qui est un objectif à plus long terme.   

Mesures mises en œuvre : 

Le projet de "quartier comestible" qui nous anime ici est celui d'un territoire où collectivement, les partenaires publics (Ville, services techniques et services espaces verts) et privés (associations, individus) s’associent pour cultiver des espaces publics mais aussi privés (plantes potagères, arbres et arbustes fruitiers, vigne, houblonnière, …). Ces espaces comestibles occupent ainsi progressivement l’espace autrefois occupé par des plantes ornementales ou par du minéral. Ils participent à nourrir les habitants du quartier, à restaurer les sols, à créer des temps de convivialité dans le quartier, à enrichir la biodiversité, à accueillir des promeneurs curieux venant d'autres quartiers et ainsi à changer l'image du quartier.

Les aménagements et les actions mises en œuvre depuis 2018 participent à la fois à la variété des usages et les hétérogénéités paysagères qui en font un intérêt majeur notamment pour la biodiversité ou pour le quidam qui se promène dans le quartier. Parmi les installations, on peut noter :

• la mise en place d'un jardin partagé (antérieure au démarrage du projet)
• la plantation de 85 arbres fruitiers haute et basse-tige - le remplacement de 100 mètres linéaires de haies de troène par des arbustes à petits fruits - la plantation d'îlots de jardin-forêt autour des arbres fruitiers, associant arbustes à petits fruits, vivaces comestibles (plantes médicinales, aromatiques...)
• l’installation de plusieurs jardins de poche : bacs de plantations en pied d'immeuble ou sur des petits espaces publics, entretenus par les habitants
• l’installation de deux composteurs collectifs,
• l’aménagement temporaire du parvis de l'école, centralité du quartier, avec mobilier, hôtel à insectes, plantation de plantes potagères, médicinales et arbustes à petits fruits,
• la mise en place de la gestion différenciée des espaces verts du quartier, en lien avec le service espaces verts de la ville.

L'ensemble des chantiers sont participatifs, les habitants systématiquement invités, avec parfois des invitations plus larges aux habitants d'Hellemmes ou de Fives.

Ces actions sont associées à une présence associative régulière dans le quartier (minimum 2 demi-journées par semaine) pour la médiation auprès des habitants à travers des séries d'ateliers thématiques pour différents publics : parents-enfants, adultes, école....  

Résultats / impact pour la biodiversité :

Le paysage du quartier se transforme petit à petit, les arbres prennent leur place notamment les îlots associant arbres, arbustes et vivaces. Plusieurs espaces sans usages retrouvent une identité avec la présence des fruitiers.

La mise en place de la gestion différenciée en complément des plantations, avec environ1/3 d'espaces tondus en moins, va avoir un impact sur la biodiversité. Pour le moment, cet impact est difficile à quantifier mais qualitativement les observations réalisées par les habitants démontrent la plus-value des aménagements. De même, la régénération des sols dans les îlots de jardin-forêt est un processus sur le long terme dont nous pouvons anticiper les résultats par l’analyse d'autres sites plus anciennement plantés.

Les habitants sont très ouverts à la présence de ce paysage nourricier, même si leur implication concrète peut encore être renforcée. En effet, la fructification des arbres prend plusieurs années et, pour l'instant, les récoltes étant anecdotiques ne permettent pas à une large population d’en bénéficier. Mais, lorsque l'abondance sera là, la participation des habitants suivra, les liens sociaux se développeront et les idées naîtront autour de la transformation du quartier voir de la ville plus généralement. En effet, de nombreuses personnes extérieures au quartier ont eu l'occasion de le découvrir, souvent avec un grand étonnement sur la qualité du paysage et des espaces publics.