L’eau et la biodiversité par l'Ecomusée d'Alsace, musée de France (EMA) sur un terrain communal

OBJECTIFS

À partir d’une friche industrielle pauvre en espèces appartenant à la commune d'Ungersheim, l’Écomusée est devenu, au fil des années, un site d’une grande biodiversité du fait de la constitution de milieux variés : village historique, champs avec lisières de forêts, vergers, friches et… zones humides ! Dans son système de « village et terroir » que l'Ecomusée souhaite mettre en exergue, l’eau est essentielle, et occupe une place particulière, l’eau n’est pas nécessaire à la vie : elle est la vie. Il s’est donc fixé l’objectif d’amener l’eau dans cette savane alsacienne sur lequel il a élu domicile. Mais l'amener dans un simple canal sans connexion à l’environnement n’a pas de sens. L’Ecomusée aspire donc à modeler et créer une mosaïque de paysage ou l’eau s’intègre, éclabousse, s’infiltre, joue... En grand observateur, l’écomusée a su observer et analyser son territoire qui s’avère être d’une incroyable richesse et a donc l’ambition de réaliser l’inventaire typologique des espèces et des habitats. Il aspire également à gérer durablement son territoire pour garantir la préservation des habitats et proposer aux espèces de s’installer à leur convenance ! En tant que musée de France, il souhaite consolider, valoriser et mettre en médiation ces acquis auprès de ses visiteurs et partenaires institutionnels. Cas d’école dans l’acquisition et la préservation de la biodiversité, c’est un site pilote qui peut fournir maints exemples, démarches, principes.

MESURES MISES EN ŒUVRE

La mise en œuvre de ce vaste programme comprend 3 grands axes :

• Aller chercher l’eau et la restituer tout en créant des milieux humides : Fin des années 80, l’écomusée entreprend d’aller chercher l’eau en amont sur la rivière de la Thur qui coule en périphérie du parc: droit d’eau, vannage, canal d’amenée, bassin haut, bassin bas de la chute d’eau. Mais l’eau ne leur appartenant pas, il a fallu la rendre, il crée alors leur rivière, le Dorfbach (signifie le ruisseau du village), puis entâmes un chantier titanesque et crée un marais aux bras multiples au nord du village avant de la restituer par un ruisseau forestier, lui aussi créé de toute pièce. En parallèle, l’écomusée aménage son territoire et y fructifie bon nombre d’aménagements propice à la biodiversité.
• Un inventaire et une gestion adaptée : Les zones humides, par leur présence, apporte une incroyable biodiversité (libellule, amphibiens, oiseaux…). Depuis 2015, un travail d’inventaire plus précis et de suivi typologique des habitats et des espèces est réalisé, toutes les espèces sont identifié, répertoriées et prisent en photo. Concomitamment, ces données sont transmises aux réseaux de suivi scientifique de la biodiversité et inscrits dans les collections d’un musée de France. En bon père de famille, l’écomusée prend en charge moralement cette biodiversité aux travers d’une gestion adaptée et régulièrement révisé des macro- aux micro- paysages habitats. Il propose des milieux aux espèces pour qu’elles puissent s’y installer à leur convenance et de les préserver. Il s’agit de prendre en compte la biodiversité qui n’est pas figé dans le temps mais en évolution constante.
• La transmission et la médiation : Fort de son patrimoine, de la consolidation de ses acquis et son exemplarité,  l’écomusée d’Alsace entreprend un partage intense avec ses visiteurs via la médiation, l’interprétation du site et les préconisations pour une extrapolation ex situ. De nombreux parcours de découverte ont été créés et sont dédiés à la nature et à la biodiversité (découverte des milieux secs, humides, forestiers...) et à l'agriculture. Au printemps sera inauguré un espace d’éco-découverte (la forêt des jeux) dédié aux enfants. Un partenariat a été entamé cet été (2019) entre l’écomusée et la commune d’Ungersheim pour pérenniser les liens, les interactions et les échanges (sociaux, biologique…) entre les deux structures.

RÉSULTATS / IMPACTS POUR LA BIODIVERSITE

Les résultats du travail remarquable de l’écomusée sont la présence avérée de 4537 taxons sur les 80 ha de l’écomusée (le 31 décembre 2020). On y trouve par exemple 44 libellules différentes dont l'agrion de Mercure, 19 espèces de poissons, 173 oiseaux, 251 espèces d’abeilles, guêpes, fourmis, une dizaine de batraciens différents… toutes espèces du fond de la mare, du sol et jusqu’au sommet des plus hauts arbres ont été répertoriés par des équipes de naturalistes passionnées et alimentent à chaque instant cet inventaire. C’est une biodiversité remarquable et exceptionnelle sur une si petite surface, un mouchoir de poche à l’échelle de la nature.

L’écomusée espère grâce à leur gestion adaptée, que ces espèces resteront là pour longtemps autant que ça leur plaira.

Ce sont près de 200 mille visiteurs qui poussent les portes de l’écomusée tous les ans et viennent s’imprégner de ce que ce musée à ciel ouvert peut leur offrir.