La haie, levier de la planification écologique

Le linéaire de haies agricoles poursuit sa régression en dépit des mesures de protection instaurées par la PAC et le droit de l'environnement. Le rapport du CGAAER fait des recommandations pour renforcer leur gestion durable et mieux les inscrire dans les stratégies de développement rural.

Depuis 1950, 70 % des haies ont disparu des bocages français. Sous l'effet conjoint du remembrement agricole et du déclin de l'activité d'élevage, la surface en haies et alignements d'arbres en France métropolitaine est en constante diminution, malgré les programmes de plantations (perte estimée à 23 500 km/an entre la période 2017 et 2021).

Face aux aléas climatiques de plus en plus intenses et fréquents, les haies et les arbres représentent une vraie solution grâce aux nombreux services qu’ils rendent à l’agriculture et au territoire :

  • Bénéfices agronomiques permettant une amélioration du rendement agricole et de la productivité des animaux : effet brise-vent, bien-être animal par l’ombrage, rétention des sols et lutte contre l’érosion, enrichissement des sols, lutte biologique, pollinisation ;
  • Services écosystémiques : stockage de carbone, préservation du paysage, régulation de l’eau, préservation de la biodiversité et des corridors écologiques.

Face à l’absence de données consolidées sur les haies, la mission recommande d’avoir recours à une nouvelle méthode d’extraction des informations pour suivre l’évolution du linéaire de haies.

Si l’accent est souvent mis sur la création de nouvelles haies, il convient avant tout de mieux protéger le linéaire existant en assurant le déploiement du plan de gestion durable des haies et en renforçant le dispositif spécifique d’éco-conditionnalité « BCAE8 » du plan stratégique national (PSN) de la PAC, sous l’angle de la simplification et des contrôles.

Les services écosystémiques, relevant d’enjeux transversaux, ne peuvent être pris en charge au travers de l’activité économique des exploitations. Aussi, afin d’assurer une rémunération des agriculteurs, principaux gestionnaires, il est proposé de revaloriser le bonus haie dans l’éco-régime de la PAC, de subventionner les plans de gestion durable et d’étudier des mesures fiscales (extension du crédit d’impôt « DEFI travaux »).

Les travaux de recherche sur la haie sont déjà nombreux mais il manque des références technicoéconomiques et une coordination des travaux des instituts techniques sous l’égide de l’ACTA. La mise en place d’outils d’aide à la décision à différentes échelles spatiales, intégrant les différentes fonctionnalités de la haie, ainsi que la construction de références techniques et économiques s’appuyant sur des réseaux d’observation plus denses, en particulier sur les exploitations des lycées agricoles, sont encouragées.

La transition écologique passe par la formation massive des agriculteurs ainsi que plus globalement des gestionnaires de haies. La mise en place d’une certification professionnelle à l’attention des techniciens conseil est également souhaitable.

Enfin, la dynamique, la créativité ainsi que l’articulation entre les projets individuels et l’aménagement du territoire se font au niveau des territoires. Cela justifie le lancement de plans régionaux d’actions partagées entre État, Régions et acteurs locaux. Ces démarches concertées pourraient s’accompagner d’un grand élan fédérateur associant l’ensemble des acteurs, traduit par la signature d’une « Charte de la haie ».

 

Mots clés : haie, agroforesterie, biodiversité, eau, carbone, sol, agroécologie, planification, écologie

Informations complémentaires

Thématiques
Agriculture
Biodiversité
Auteur
Ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire
Date de publication